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Retour sur le congrès WADP-MADP-WPA de Marrakech

Par Michel Jurus, président de l’association ALFAPSY, et Paul Lacaze, président d’honner ALFAPSY

Le 20e congrès mondial WADP-MADP-WPA de Marrakech vient de clôturer ses travaux. Organisé par la WADP, World Association for Dynamic Psychiatry, avec le soutien de la DAP, German Academy for Psychoanalysis en présence de sa Présidente Maria Ammon et la coopération active de la MADP, Association Marocaine de Psychiatrie Dynamique, ce congrès a été co-sponsorisé par la WPA, World Psychiatric Association, ainsi que par notre fédération internationale francophone de psychiatrie et santé mentale, ALFAPSY. Cet événement s’inscrit dans le cadre des développements scientifiques de la psychiatrie dynamique, relationnelle et humaniste dans le traitement des troubles psychologiques.

Pour toutes les personnes présentes ce fut une expérience des plus vivifiantes, une atmosphère des plus stimulantes, un moment rare de la psychiatrie marocaine et internationale avec 350 inscrits dont près de la moitié marocaine, 150 communications étalées sur 4 journées, 25 pays représentés, un très haut niveau scientifique de l’avis général des membres présents de la WPA. Le congrès a permis aux médecins spécialistes et aux chercheurs de partager leur expertise, leur expérience et d’explorer les innovations dans le domaine de la santé mentale, avec l’objectif d’intégrer les questions sociales globales telles que la crise climatique et la pandémie en vue de promouvoir davantage la recherche interdisciplinaire.

Le Président de l’Association Marocaine de Psychiatrie Dynamique, le Dr Hachem Tyal, a expliqué que, au-delà des prescriptions de médicaments, la psychiatrie dynamique s’appuie sur les diverses méthodologies non pharmacologiques utilisées dans le traitement de la santé mentale où l’art-thérapie en particulier trouve une place de choix.

C’est dans cette dimension psychodynamique que le symposium ALFAPSY intitulé L’éthique en psychiatrie psychodynamique, sous la direction des Pr Michel Botbol et Dr Othman Lorabi, a exposé une approche humaniste de la santé mentale et promu les initiatives professionnelles de la psychiatrie relationnelle. Pour illustrer cette nécessaire réflexion, ce questionnement éthique permanent, les conférenciers d’ALFAPSY ont présenté quatre figures puisées dans l’exercice quotidien.

Paul Lacaze (France) a présenté Le transculturel et ses liens avec le transgénérationnel en s’intéressant à la question de la naissance du sujet individuel et singulier lié à l’intersubjectivité inscrite dans le relationnel collectif.  Pour lui, les professionnels du soin psychique sont confrontés à tous les aspects de l’humain que l’on retrouve dans les processus transculturels. D’où l’importance de la formation conjointe de la psychopathologie infanto-juvénile et de la psychopathologie transculturelle.

Michel Jurus (France) a mis en réflexion les notions de Abus et Chasteté dans le Soin : une question éthique, source de nombreuses interrogations : La chasteté du soignant serait-elle le dénuement le plus complet en matière de désirs, sensualité et de plaisir ? La chasteté est-elle victime de l’abstinence et devrait-elle alors dénoncer toute satisfaction ? Existe-t-il une place pour une chasteté sensuelle ? Pour le médecin, le soin peut-il être une source de satisfaction et de plaisir alors qu’il doit être chaste ?

Mario-Eduardo Costa Pereira (Brésil) a souligné la constante nécessité de garantir L’éthique du sujet dans la clinique psychiatrique : Que signifie thérapie dans une perspective psychanalytique ?

Monica Di Rocco a présenté L’art-thérapie en psychiatrie : processus de transformation dans un cadre de réhabilitation et d’éthique, illustrant le projet d’art-thérapie intitulé « D’une graine », réalisé cette année dans le service de psychiatrie du Centre Hospitalier Princesse Grace de Monaco, dirigé par le Dr Valérie Aubin, grâce à la contribution de l’Association de Bienfaisance  Eugenio Benedetti Gaglio, qui promeut cette pratique depuis des décennies en mémoire de son célèbre fondateur, Gaetano Benedetti.  Dans son introduction, Monica Di Rocco a mis en lumière la figure de Gaetano Benedetti qui, en soixante ans de traitement des maladies mentales, a tenu à lutter pour la dignité et le bien-être des « fous » en développant et en élaborant un modèle original de psychothérapie des psychoses avec un élan éthique et humain qui va au-delà du seul travail professionnel en santé mentale.

Enfin ce congrès fut une belle ouverture également vers une psychiatrie « marocaine » où l’humain dans son ensemble est placé au centre des préoccupations des praticiens et où la psychopathologie est la grille de lecture incontournable des difficultés des patients.

Rappelons, pour finir, que le Bureau de la WADP se compose désormais des Dr Soukïna Bouchebti (Maroc) au poste de Trésorière, Dr Hachem Tyal (Maroc) en tant que Vice-Président et, en tant que Président, Pr Michel Botbol (France) originaire de Fez. Tous 3 membres d’ALFAPSY !   

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