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L’espoir viendra du sud – 2023

De Jalil Bennani et Roland Gori

Un échange épistolaire entre deux praticiens, pychiatre et professeur en psychopathologie

“L’espoir viendra du Sud” est une illustration parfaite de ce genre nouveau pour temps de Covid : une méditation épistolaire où deux voix s’entrecroisent. Deux amis, deux psychanalystes, deux hommes donc “au rêve habitués”, ainsi qu’à l’écoute, s’emploient à déchiffrer dans un échange de lettres-emails ce que la pandémie nous révèle de notre monde, de la crise qui y sévissait déjà avant que le virus du corona ne vienne en faire le tour… Ce monde néolibéral et néocolonisé est celui de profondes inégalités sur lesquelles la crise du Covid a projeté “la lumière la plus crue”, écrit le philosophe Souleymane Bachir Diagne dans sa préface.


En croisant les apports de la psychanalyse à la philosophie, la littérature, la sociologie et la politique, les auteurs abordent des questions actuelles liées à l’expansion numérique, au néolibéralisme, à l’économie de la santé, aux migrations, à la place du religieux, aux revendications identitaires. Ils ouvrent une réflexion riche, susceptible d’inventer de nouvelles catégories de pensée et d’action en interrogeant notre rapport au temps, à l’oubli, aux croyances, en insistant sur la valeur de la parole au sein d’un monde globalisé. Tous deux regardent vers le Sud, sa spiritualité, ses manières de composer avec le sacré face aux exigences de la modernité, la tradition et le devenir, l’un et le multiple. Un Sud hybride bâti autour des détroits et des carrefours par où transitent les civilisations, un Sud qui pourrait répondre au défi de la mondialité dès lors qu’il renoncerait au mirage des identités essentialisées.

Le nouvel ouvrage “L’espoir viendra du Sud”, co-écrit par le psychanalyste et psychiatre Jalil Bennani ainsi que le professeur honoraire de psychopathologie, Roland Gori, est sorti récemment aux éditions “La croisée des chemins”.

De 256 pages (format moyen), l’ouvrage qui se ventile en 30 lettres échangées au temps de la Covid-19 entre les deux professionnels de la santé mentale, l’un exerçant à Marseille et l’autre à Rabat, s’étend du sud de l’Europe à l’Afrique, entre les deux rives du détroit de la “mare nostrum”, à travers une discussion entachée de passion où des réflexions praticiennes, des filiations théoriques ainsi que leur évolutions y sont échangées.

Une réflexion partagée dans un contexte de crise sanitaire

Cet échange épistolaire célèbre une rencontre qui s’est transformée au fil des années en une amitié fidèle entre les deux praticiens. “La décision de poursuivre nos conversations par l’écriture est un acte qui nous implique et en même temps nous échappe en ce qu’il relève d’un dialogue inconscient”, ont écrit les deux auteurs dans l’introduction du livre.

“Nous avons fait le choix de la conversation pour nous donner une liberté d’échanger sur des sujets très divers, une réactivité vis-à-vis des événements, un partage entre nous et au-delà de nous, un fil d’actualité tissé dans nos histoires”, ont-ils ajouté.

Les deux amis et auteurs ont opté pour le partage de leurs correspondances dans un contexte de crise sanitaire, “événement inattendu mais prévisible pour de nombreuses raisons”, qui a pris inévitablement une place importante dans ces échanges et les a conduits à se pencher sur la fragilité de l’existence, les vulnérabilités psychiques, les effets néfastes du libéralisme effréné, la dérégulation de la planète et la défaillance des structures sanitaires.

“Le temps du Covid aura été favorable à la méditation et à la réinvention de l’art épistolaire”, a indiqué dans la préface du livre, le philosophe, professeur à l’Université Columbia de New York et directeur de l’Institute of africain studies, Souleymane Bachir Diagne.

Un livre sur l’hospitalité ?

Selon lui, “L’espoir viendra du Sud” est une “illustration parfaite de ce genre nouveau pour temps de Covid, une méditation épistolaire où deux voix s’entrecroisent, deux amis, deux psychanalystes, deux hommes, donc au rêve habitués, ainsi qu’à l’écoute, s’emploient à déchiffrer dans un échange de lettres-emails, ce que la pandémie révèle du monde, de la crise qui y sévissait déjà avant que le virus du Corona ne vienne en faire le tour”.
“Ce livre de Jalil Bennani et de Roland Gori est un livre sur l’hospitalité”, a-t-il noté, précisant que l’hospitalité dans “L’espoir viendra du Sud” est aussi celle langagière qui, pour Paul Ricœur, très présent dans ce dialogue, définit la traduction.

Pour le professeur à l’Université Columbia de New York, “le monde d’après ne sera pas le retour de celui d’avant. Parce ce qu’il pourra pas ignorer que sur fond de crise du climat, la prochaine pandémie menace déjà. Il ne pourra pas non plus ignorer, il faut l’espérer, les leçons que comportent celle qui est encore présente. “L’espoir viendra du Sud”, justement, nous dit : Momento! “.

Jalil Bennani est psychiatre et psychanalyste à Rabat. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages. Chercheur associé au CRPMS de l’Université de Paris, il est titulaire de l’Habilitation à diriger les recherches (Université de Nice Sophia Antipolis) et président du Cercle psychanalytique. Il a reçu en 2002 le Prix Sigmund Freud de la ville de Vienne pour l’ensemble de son œuvre.

Roland Gori est professeur honoraire de psychopathologie clinique à l’université d’Aix Marseille. Il a publié une vingtaine d’ouvrages. Il a été l’initiateur avec Stefan Chedri du mouvement l’Appel des appels, dont il assure actuellement la présidence, qui combat les réformes néolibérales détruisant les métiers de l’humain qui tissent les liens sociaux et prennent en charge la vulnérabilité humaine.

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