Symposium STPSF du 21 au 24 mai 2024 – Tunis

Ce Symposium international est organisé par la Société Tunisienne de Psychiatrie Sans Frontières dans le cadre des activités de la section Sciences humaines de l’Académie Beït Al-Hikma. Il se fait sous le patronage conjoint de l’Académie Beït Al-Hikma et de la Bibliothèque nationale de Tunisie sur le thème : “Comment va le monde ? Penser la transition.”

Crise de la mondialisation, ébranlement du symbolique et des référents identitaires « dans l’acte même qui la violente, la victime est dépouillée de ce bien inhérent, individualisé quoique social, et qui répond au nom de ‘dignité’» Wole soyinka, climat de peur, arles : actes sud, 2005 : 102

Comité scientifique : à venir

Ateliers de travail et ouverture

Lieu : beït el hikma
Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts
25 avenue de la république
Carthage, tunisie

Ateliers de travail et clôture
Lieu : bibliothèque nationale
Boulevard du 9-avril 1938
1008 tunis
Présentation du symposium (Essedik JEDDI et Gilles BIBEAU)

La Banque Mondiale annonce pour 2023 que l’économie mondiale connaîtra un puissant ralentissement avec environ 1,7% de croissance. Elle estime que la croissance sera de zéro en zone euro, de 0,5% aux États-Unis – ce sont là les plus bas taux de croissance depuis 1970 (Charrel 2023). Qu’en sera-t-il pour le reste du monde ? Les effets cumulatifs des crises financières et monétaires successives depuis 2007-2008 amplifiées par les catastrophes climatiques (pollution et réchauffement), par l’insécurité alimentaire subséquente et par la pandémie (COVID-19) ont aggravé, principalement dans les pays dits du Sud, les effets négatifs de la mondialisation du capitalisme financier, du surendettement public et privé, et de la croissance des inégalités. On trouve l’émergence d’une pensée et d’une éthique préoccupées avant tout par le mauvais état de santé de notre terre-mère soumise à toute une série d’agressions. La crise écologique qui s’impose à nous éveille notre conscience planétaire et le sentiment de notre fragilité. Cela renforce en nous un vertige qui ne s’accompagne pas toujours de la réflexion nécessaire à faire si on veut sauver notre planète.
Ces phénomènes associés à l’insécurité alimentaire qui s’annonce entraîneront, comme stratégies de survie, des déplacements massifs de populations depuis les régions du Sud vers celles du Nord. L’écart entre des riches de plus en plus riches et des multitudes de pauvres de plus en plus pauvres nous condamnera sans doute à revivre de très forts courants migratoires comme on en a connu dans les temps d’autrefois. L’amplification de ces flux migratoires s’inscrirait donc dans le prolongement des autres crises et comme expression de celles-ci. Certes, l’on comprend que tout un chacun – du Sud comme du Nord – aime le monde proche et familier qu’il connait ; on peut aussi comprendre que les uns et les autres craignent que ce monde ne soit transformé par l’arrivée massive de vagues migratoires porteuses de nombreuses formes d’altérité. On comprend que cela puisse éveiller une possible angoisse d’envahissement, laquelle engendre le recours au tout sécuritaire plutôt que d’ouvrir les citoyens à la compréhension du processus générateur des migrations en cours et à venir.
Assisterons-nous à une transition qui nous fera passer dans un autre monde, celui d’une épidémie de désarroi et de désespérance (« an epidemic of despair » selon Case et Deaton 2021), et celui de toutes les formes possibles de violence à l’égard de soi, des autres et du système producteur de marginalisation et d’exclusion pour tant de gens (Bibeau 2015) ? Les situations dans lesquelles vivent de nombreuses personnes se trouvent en effet souvent très éloignées du discours idéalisateur des promoteurs de l’idéologie marchande s’imposant dans le monde globalisé d’aujourd’hui.