You are currently viewing Pandémie et souffrances psychiques de demain

Pandémie et souffrances psychiques de demain

Beaucoup de choses ont été écrites à propos de la pandémie en psychiatrie, qui a même donné lieu à une floraison sauvage de publications rédigées plus ou moins opportunément pour l’occasion. À travers la loupe qu’offre le travail psychiatrique et psychothérapeutique avec les adolescents et les étudiants la situation paraît, en réalité, avoir surtout catalysé des évolutions jusqu’alors plus ou moins souterraines. De l’avis de nos collègues travaillant depuis de nombreuses années dans le milieu étudiant on constate un mal-être psychique croissant chez les jeunes (on peut citer, dans le désordre et parmi une pléthore d’autres maux-mots : isolement, angoisse, détresse, souffrance et pessimisme, conduites et idées suicidaires, questionnements identitaires), dont on ne pourra bien entendu pas, en quelques lignes, décrypter les causes ni les conséquences. D’un autre côté, à notre humble avis, on relève en parallèle une volonté diffuse mais collective et tout à fait inédite d’accéder aux consultations proposées en psychiatrie ou en psychothérapie. Ainsi, les filières publiques d’accueil, d’écoute, de diagnostics et de soins sont doublement saturées, et par des situations loin d’être bénignes ! Mais ce phénomène grandissant des demandes ne révèle-t-il pas – pour le meilleur ? on peut se poser la question – que notre société, à différents niveaux, semble plus vigilante, plus concernée par les désordres psychiques ? Le défi, en termes de réponses de soins est donc double, de quoi justifier une volonté politique forte pour y répondre à temps.

Maintenant que dans les esprits et les décisions politiques la page Covid semble se tourner, interrogeons-nous : la pandémie ne nous a-t-elle pas tout simplement mis en évidence, en concentré, de façon intense, socialement passionnante et cliniquement préoccupante, les reliefs des troubles psychiques de demain ?

Raphaël Ezratty

Paris, mai 2022

Laisser un commentaire